Dans cette présentation, Dan Gilbert nous révèle plusieurs phénomènes stupéfiants à propos du bonheur. Voici de manière un peu synthétisée ce que Dan Gilbert nous révèle :
1. Le biais d’impact
Tout d’abord, imaginez votre niveau de bonheur dans un an en fonction des 2 événements suivants : a. vous gagnez plusieurs millions à la loterie ; ou b. vous devenez paraplégique. Vous imaginez sans aucun doute que votre niveau de bonheur sera plus élevé si vous gagnez à la loterie. Dan Gilbert nous explique qu’il n’en n’est rien et que les niveaux de bonheur un an après ces événements respectifs sont identiques. Il s’agit du biais d’impact : nous avons tendance à surestimer l’impact des événements futurs.
De manière plus quotidienne, qu’il s’agisse de gagner ou perdre une élection, de conquérir ou perdre un amoureux, d’obtenir ou non une promotion, de réussir ou d’échouer à un examen … tous ces événements ont moins d’impact qu’on ne l’imagine, c’est-à-dire qu’ils sont moins intenses et plus éphémères qu’on ne s’y attend.
2. Le système immunitaire psychologique
Dan Gilbert nous fait part d’une étude récente concernant l’impact de traumatismes de vie. Cette étude suggère que ce que nous avons vécu il y a plus de 3 mois, à peu d’exceptions près, a peu d’impact sur notre bonheur.
Pourquoi ? Parce que les êtres humains sont dotés d’une sorte de système immunitaire psychologique. Nous fabriquons le bonheur alors que nous croyons le plus souvent que le bonheur est quelque chose que l’on trouve.
3. Le paradigme du libre choix
On apporte 6 objets et on demande au sujet de les placer en ordre inverse de préférence. Dans l’exemple il s’agit de reproductions de Monet. Et on offre le choix suivant : nous avons des reproductions en surplus, nous allons vous en offrir une, vous devez choisir entre la 3ème et la 4ème. 15 jours plus tard même stimulus et on lui demande de les classer à nouveau. Que se produit-il ? Le 3ème est classé en 2, et le 4ème en 5. C’est ça la fabrication du bonheur.
L’expérience a été réalisée avec un groupe de patients hospitalisés et qui ont une amnésie antérograde due au syndrome de Korsakoff : ils n’ont plus de mémoire à court terme. Avec la même expérience, il se passe la même chose.
Une autre expérience concerne des étudiants en cours de photo. Ils doivent prendre des clichés de ce qu’ils aiment et doivent choisir les 2 plus importants pour faire un agrandissement. Une fois terminée on leur dit qu’ils doivent en remettre une sur les 2.
Dans la condition 1 : réversible ; au cas où tu changerais d’avis, je garde l’autre 4 jours.
Dans la condition 2 : irréversible ; fais ton choix tout de suite car tu ne pourras plus l’échanger.
On demande à la moitié des sujets de chaque groupe de prédire s’ils croient qu’ils seront toujours heureux du choix qu’ils ont fait, l’autre moitié retourne au dortoir et on leur demande 3 et 6 jours plus tard s’ils sont heureux du choix qu’ils ont fait.
Quand la question est posée le jour même: Ils croient qu’ils préféreront la photo choisie à celle laissée, mais un peu plus dans la situation irréversible (pas statistiquement significatif).
Lorsque la question est posée 3 et 6 jours après : ceux qui sont coincés avec leur photo, ceux qui n’ont pas le choix, l’aiment beaucoup. Alors que ceux qui tergiversent (devrais-je l’échanger ?), agonisent et n’aiment pas leur photo, même une fois la date butoir passée.
Pourquoi ? Parce que la condition réversible n’est pas propice à la fabrication du bonheur.
Une autre expérience : nous vous offrons un cours de photo, dans l’un vous aurez quelques jours pour choisir entre vos photos, et dans l’autre vous devrez choisir sur le champ. Quel cours préférez-vous joindre ? 66% (soit les 2/3) choisissent le cours où ils pourront changer d’idée ; c’est-à-dire celui où ils vont être insatisfaits de leur photo ; parce qu’ils ignorent les conditions indispensables à la fabrication du bonheur.
Oui certaines choses valent mieux que d’autres, il est normal d’avoir des préférences pour un type d’avenir plutôt qu’un autre. Mais lorsque ces préférences nous tiraillent trop et que nous surestimons la différence du résultat de nos choix, nous sommes en danger. Lorsque notre ambition est maitrisée elle nous mène à la joie. Lorsque notre ambition est débridée elle nous pousse à mentir, tricher, voler, blesser les autres et à sacrifier ce qui importe vraiment.
Nos inquiétudes et nos désirs sont souvent démesurés car nous possédons la faculté de fabriquer le bonheur que nous recherchons.